
Terram
vermiculture : ancré dans le JAL
Parler avec Julie Grant, c’est prendre la mesure de l’expression du cœur à l’ouvrage. Du cœur, elle en met plein dans ce qu’elle fait et le JAL occupe une place importante dans celui-ci. Rencontre avec une entrepreneure audacieuse, passionnée pour sa région d’adoption.
Dire que Julie est impliquée dans sa région, c’est un euphémisme. Dernièrement, elle a porté le projet Coup d’pousse, une micro entreprise axée sur l’autonomie alimentaire et a collaboré avec Livr’Avenir, une entreprise d’insertion professionnelle de Témiscouata-sur-le-Lac. Tout ça, en faisant de la formation en alphabétisation pendant près de dix ans. Aujourd’hui, elle fait partie de la coopérative de développement agro-forestier de la région et a monté le projet de l’histoire du JAL.
Elle n’a même pas l’air essoufflée, au contraire. La preuve : avec son chum, elle se lance dans une nouvelle aventure entreprenariale et agricole : la vermiculture! S’engager et monter des projets, c’est plus fort qu’elle, on dirait.

Son entreprise, Terram vermiculture, vient d’acquérir une partie des activités de la Ferme Eugénia du Bic. Ils produisent une sorte de vermicompost, un fertilisant agricole écologique de très haute qualité. Dans leur entrepôt, les petits vers vivent dans des grandes boîtes (appelés condos), dans une litière qui sera leur nourriture pour deux mois. Au terme de cette période, ils auront digéré toute la matière organique. Il en résulte un fumier de vers pur, très riche en micro-organismes bénéfiques. Julie nous explique :
En agriculture biologique, ces alliés minuscules ont la faculté de digérer, de restructurer et de rendre assimilable aux plantes, la nourriture présente dans les composantes du sol.
Un des facteurs qui ont favorisé la mise sur pied de cette entreprise repose assurément dans le fait qu’elle prend racine dans la Vallée-des-Lacs.
Notre vermiculture est toute particulière puisqu’elle opère en climat froid selon une technique développée au Bas St-Laurent.
Et puis, les locaux qui abritent les activités de Terram à Lejeune semblaient prédestinés à accueillir le projet. Les anciens entrepôts de pomme de terre (du temps du projet JAL) où prennent place ses activités lui permettent de voir grand. Les lieux sont suffisamment vastes pour que Terram puisse possiblement tripler sa production dans les prochaines années.
Son projet fait que Julie peut vivre de ses passions et de ses valeurs. L’écologie et l’agriculture donnent clairement du sens à ce qu’elle fait. D’ailleurs, au travail, elle partage ces valeurs (et ses locaux!) avec la Coop AgroÉnergie, qui possède les lieux et en occupe une partie. Cette coopérative de solidarité travaille à réduire l’émission de gaz à effet de serre chez les producteurs acéricoles et la remise en culture des terres en friche de la région. Sur place, l’atmosphère est joyeuse et ça respire la fierté du travail local.
C’est pas pour rien que Julie a choisi d’implanter sa nouvelle entreprise dans la Vallée-des-Lacs. Partir son entreprise, ça implique différents liens avec la communauté. Pour les opportunités que ça peut créer pour l’entreprise, pour l’aider à démarrer par exemple. «On n’est pas nombreux, mais ça crée des liens de confiance vraiment forts. J’aurais pas trouvé mes locaux si les monsieurs d’AgroÉnergie m’avaient pas connue. Ici, dans le JAL, je sais que je peux appeler n’importe qui si j’ai besoin de n’importe quoi. C’est mes ressources!» explique Julie.
Ses liens avec la communauté ne sont pas à sens unique. Fonder son entreprise lui permet aussi de redonner à celle-ci. Déjà en partant, Terram implique la création de trois emplois dans la région. Ça, c’est tant qu’ils n’auront pas augmenté la production. La demande est là, les infrastructures sont là, et l’ambition de Julie et son partenaire aussi. C’est une question de temps avant qu’encore plus d’emplois soient créés. Ça aussi, ça donne du sens à une entreprise, de savoir qu’elle pourra faire une différence, insuffler son dynamisme et sa vision à sa région.
La Vallée-des-Lacs est engagée à soutenir et faciliter les projets entrepreneuriaux de toutes natures. De l’énergie, de la place, du soutien, il y en a! Terram a reçu une aide financière du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, dans le cadre d’un programme d’appui au développement de l’agriculture et de l’agroalimentaire en région. La MRC de Témiscouata a aussi donné de l’argent pour le développement d’une image de marque. Mais, selon Julie, le gros avantage de la région, c’est l’accessibilité. Les terres ne sont pas chères et la région est prête à recevoir du sang neuf, des nouvelles idées.
On a envie de voir plus de jeunes arriver, des jeunes qui prennent leur place, qui soient capables d’imposer une espèce de renouveau. Je pense qu’on est rendus là, à être innovants et créatifs.
On vous a parlé de ce projet sur l’histoire du JAL auquel Julie a participé. Allez jeter un œil là-dessus, c’est fascinant. C’est l’histoire d’une région que le gouvernement voulait fermer et de valeureux Gaulois-du-Témiscouata qui n’ont pas laissé ça se passer. C’est épique, et c’est arrivé pour vrai. C’est là-dessus que s’est bâtie la Vallée des Lacs. Et on dirait que c’est inscrit dans l’ADN des générations actuelles:
Ici, tout est à échelle humaine. Si on veut déplacer de quoi, faire autre chose, on est capables de le faire.
Avec une histoire pareille, on ne viendra pas s’étonner que la Vallée-des-Lacs en fait… c’est la Vallée-des-Possibles.